JANVIER
J’ai hâte de pouvoir prendre un café en terrasse, regarder le temps qui passe, retrouver les repas de paroisse et en finir avec l’angoisse.
J’ai hâte d’aller au cinéma voir un bon film ou même un navet et de retrouver notre ciné-club.
J’ai hâte de faire une balade en toute liberté à la campagne suivie d’un bon petit resto entre copains. Et que dire d’un week-end en amoureux.
J’ai hâte de reprendre l’avion, de vivre des retrouvailles familiales et des embrassades, sans interface, en face à face.
J’ai hâte de revivre les verres de l’amitié au temple, les cultes-apéro du samedi soir et les super apéros des fêtes de la diversité, du déjeuner spectacle, des grillades scoutes, du déjeuner des nouveaux et j’en passe.
J’ai hâte de retrouver l’atmosphère des musées, des expos, des vernissages, des spectacles, des concerts du temple.
Et j’ai hâte de revoir le temple rempli le dimanche matin.
Il est bien vrai que l’on ne prend souvent pleinement conscience de ce que l’on a que lorsqu’on ne l’a plus.
Paradoxe du désir d’un avenir meilleur, qui ressemblerait à ce bon vieux temps. Un chant de la fin du XIXe me revient à l’esprit :
« Je vis d’espérance, d’amour et de foi,
Et mon chant s’élance vers toi, divin Roi.
Grande est ma faiblesse, mon indignité ;
Mais dans ta tendresse Tu m’as racheté.
Oui, mon cœur chante, mon âme est contente.
Mon Jésus est tout mon bien, je ne craindrai rien ! »
Vivre d’espérance, d’amour et de foi. Une première phrase facile à chanter, pas toujours facile à vivre.
Plusieurs paroissiens sortent à peine d’un Covid carabiné (Christian Izard, dont nous avons le témoignage dans ce numéro, a passé 6 semaines dans le coma et 9 mois à l’hôpital !), d’autres ont perdu un proche. Et quelques-uns seront peut-être les prochains à attraper ce virus. Certains paroissiens se battent tous les jours pour boucler leur budget, tenter de maintenir leur entreprise à flot après une année noire, et vivent dans la crainte de perdre leur emploi. Il y en a parmi nous qui paient les pots cassés d’une année confinée, marquée par la solitude, l’isolement, le repli sur soi. Certains se retrouvent en pleine crise : violence familiale, décrochage scolaire, vision d’un avenir sombre. D’autres sont ressortis brisés intérieurement de ces confinements successifs.
Alors je répète : Vivre d’espérance, d’amour et de foi, facile à chanter, pas toujours facile à vivre, mais qui ne s’arrête pas là. La dernière phrase du refrain lui en donne toute la force : Mon Jésus est tout mon bien, Je ne craindrai rien. Conviction que des jours meilleurs reviendront. Profonde conviction d’être accompagné au quotidien par ce Jésus qui est notre bien et qui nous veut du bien. Vivre un jour à la fois, avec un cœur ouvert aux autres, à l’humour, à la beauté, à la bonté. Un autre chant, country celui-là, me vient en tête : un jour à la fois ! A chantonner pour ceux qui le connaissent, à lire comme une prière ou à écouter sur internet.
Mon Dieu je t’aime et je sais que tu m’aimes.
Aide-moi à croire à ce que je peux être, à ce que je suis.
Montre-moi le chemin pour progresser.
Mon Dieu, pour mon bien, guide-moi toujours un jour à la fois.
Un jour à la fois, oh ! mon Dieu, c’est tout ce que je demande,
Le courage de vivre, aimer, d’être aimé, un jour à la fois.
Hier c’est passé, oh ! mon Dieu et demain ne m’appartient pas,
Mon Dieu aide-moi, aujourd’hui guide-moi, un jour à la fois.
Pasteur Marc-Henri Vidal