Éditoriaux

FRATERNITÉ ? ET DIEU S’INTERROGE…
Suite et fin

Qui est ta sœur ? Qui est ton frère ? C’est la question posée par le théologien lorsque le Seigneur lui a rappelé que la Loi qu’il était censé enseigner disait : Aime Dieu de tout ton cœur, ton âme, ta force, ta pensée et ton prochain comme toi-même (Dt 6:5). Se sentant visé et repris dans sa conscience, il répondit : Certes, mais qui est mon prochain ?
Quelle est l’explication traditionnelle de cette parabole du bon Samaritain développée par Matthieu et qui m’interroge sans cesse ? Le prochain c’est celui qui est couché au sol après son agression par les brigands. Aujourd’hui, c’est celui qui est en difficulté, le prochain, c’est le tiers monde, les sous-alimentés, les sous-développés, les pauvres en général. Mais pour moi ce n’est pas l’explication même si faire le bien, sous quelque forme que ce soit, restera toujours une obligation morale.
Dans cette parabole, le prochain c’est le Samaritain ! Or entre les Juifs et les Samaritains, deux peuples très proches, existait une haine ancestrale, culturelle et religieuse. Quand un Juif rencontrait un Samaritain, il changeait de trottoir et crachait par terre. Or, si les Juifs haïssaient les Samaritains, ces derniers le leur rendaient bien. Ainsi, et c’est là tout le message, si pour ce Samaritain, le prochain c’était le Juif qui gisait à terre, le prochain pour un Juif, c’était le Samaritain qu’il détestait ! En Israël une loi stipulait : tu ne maltraiteras pas l’étranger au milieu de toi, tu te souviendras que tu as été étranger dans le pays d’Égypte. Qui est mon prochain dans notre monde en furie, nos familles recomposées, nos églises en pleine mutation ? C’est celui que nous avons méprisé, que nous avons ignoré. Le prochain pour le pauvre, c’est le riche, et pour le riche c’est le pauvre ; le prochain, c’est le voisin que l’on croise sans le saluer ; le prochain c’est celui qui n’est pas comme nous. Et vis à vis de lui, le récit nous enseigne qu’il y a trois théories possibles.

La première, c’est la théorie des brigands. Ils voient arriver leur prochain, leur frère, et ils disent : Tu es mon frère, alors ce qui est à toi, est à moi. Pan ! Un coup sur le crâne et on le dépouille. C’est aussi la théorie de tous ceux qui font la même chose sous couvert de la loi. La liste est longue, il existe beaucoup d’embuscades légales où faire tomber son frère.

La seconde, c’est la théorie du prêtre et du lévite, celle du chacun pour soi : Ce qui est à toi est à toi et ce qui est à moi est à moi. C’est la politique de la cloison étanche, de l’imperméabilité, du je m’en lave les mains, comme Ponce Pilate, sachant que Jésus était innocent. Pouvons-nous voir un frère dans le dénuement et se contenter de lui dire : Va mon ami, va manger et Dieu fera le reste ? Mais parler uniquement du bien sans action concrète, n’est ce pas l’exemple même du péché ? Chaque fois que nous restons spectateur, nous prouvons que l’esprit de Caïn n’est pas mort. La question que Dieu lui a posée Où est ton frère, Jésus nous la pose aussi.

Nous arrivons maintenant à la troisième théorie, celle du bon Samaritain. Chez lui nous trouvons ce qu’est le véritable amour. Il peut répondre à la triple question :

Qui est ton frère ? : Et il peut dire : Mon frère, c’est le Juif et le Palestinien.
Où est ton frère ? : Il est là, assommé par terre, à côté de moi.
Qu’as-tu fait pour ton frère ? : j’ai tout arrêté pour m’occuper de lui et j’ai payé pour le soigner.

Cet homme nous montre ce qu’est le véritable amour, la vraie fraternité. C’est d’avoir des frères, des sœurs ou des amis, non pas pour qu’ils s’occupent de nous, mais pour que nous nous occupions d’eux. L’amour fraternel n’est pas de vivre pour soi mais de mettre en pratique l’enseignement de Jésus-Christ : Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir.

Alain-Georges Nouga

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AG, RENDEZ-VOUS ANNUEL DANS LE MONDE, SANS EN ÊTRE

La couverture de ce numéro représente, la scène de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, que tous les chrétiens célèbrent chaque dimanche des Rameaux. Avec une pointe d’ironie, on aurait pu lui donner pour titre : Les membres de l’Association cultuelle se rendant à l’Assemblée générale, (les palmes symbolisant les bulletins de vote). En effet, la loi de 1905 entérinant la séparation des Églises et de l’État, oblige les associations cultuelles, dont la nôtre, à tenir une Assemblée générale annuelle. Pourtant ce temps d’échanges, de discussions et de votes ne suscite pas souvent l’enthousiasme et c’est bien dommage ! Or notre Assemblée générale du 17 mars, une semaine avant la Semaine Sainte, a une forte incidence sur la vie aussi bien spirituelle que matérielle de notre communauté.
C’est à cette occasion que chacun, même s’il n’est pas membre électeur, peut venir entendre, réfléchir, débattre sur des points essentiels : finances, activités diverses, projets.
Dans sa prière sacerdotale (Jean 17,11), Jésus dit, à propos de ses disciples :

Désormais je ne suis plus dans le monde, mais eux, ils sont dans le monde et plus loin : Ils ne sont pas du monde, tout comme moi, je ne suis pas du monde (v16).

Cette façon d’être dans le monde sans être du monde traduit la spécificité du chrétien dans la société.

Notre Église doit entretenir ses bâtiments, payer ses factures et ses salariés, engager des dépenses pour accomplir dans les meilleures conditions sa mission d’annonce de l’Évangile. Mais elle ne doit pas le faire dans le même état d’esprit que n’importe quelle autre association. Libérée par son Seigneur du joug de toutes les puissances dont celle de l’argent, elle doit témoigner de son allégeance au Christ en se rappelant que l’argent qu’elle doit gérer n’est pas d’abord le sien mais celui que le Seigneur lui confie pour accomplir sa mission.
Dans l’Église, l’argent doit rester un outil. Vaste programme ?
Rendez-vous le 17 mars pour commencer à l’élaborer ensemble !

Michel Block

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Parce que tu as du prix à mes yeux, Parce que tu es honoré et que je t’aime…
Esaïe 43. 4a

Vous avez du prix à mes yeux !
Oui, ce n’est pas nouveau ! Nous le rappeler en ce début d’année nous ouvre quelques perspectives plus positives, alors que tant de situations nous enferment dans un cadre restreint, uniforme, contrôlable à souhait.
Tu es unique, comme ton empreinte digitale peut l’être.
Et cette conviction devient un enjeu vital pour la suite de ton séjour terrestre.
S’appuyer sur cette affirmation est possible pour discerner son chemin dans le monde en crise, plein de changements et mutations.
Alors qu’est annoncée la révolution technologique qui va bouleverser le monde, grâce au Metavers comme le pensent les savants des réseaux virtuels, nous faisons face à une formidable menace : l’uniformisation de l’identité.
Comment alors résister à l’impératif de codes uniques, identiques pour tous ? Cela va exiger beaucoup de courage.
Dieu veut nous aider à être ou ressembler non pas à un avatar quelconque, mais à devenir soi-même, une personne unique, fondamentalement différente des autres. Il veut nous aider à nous épanouir dans la relation aux autres personnes uniques, sans discrimination, ni complexe ni sélection de personnes.
Pour le Seigneur, tu as eu, tu as et auras toujours du prix à ses yeux, en cette année de grâce 2024
Tu es vraiment unique…

Alain-Georges Nouga

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DIEU PRÈS DE NOUS

Si Dieu existait, il n’y aurait pas autant de malheurs sur terre

Vous avez peut-être, comme moi, déjà entendu une réflexion comme celle-là, au cours d’une conversation avec vos proches ou des personnes moins connues.

Peut-être une telle supposition vous a-t-elle traversé aussi l’esprit. Et il y a de quoi, tant les peines, les injustices, les catastrophes et les périls semblent se multiplier chaque jour qui passe.
Un simple essai de réponse à cette question dépasse le cadre de cet éditorial. Je risquerai seulement deux remarques.
Les malheurs qui s’abattent sur notre monde trouvent leur origine en l’être humain plus qu’en Dieu. Les guerres n’ont besoin que des hommes pour se faire.
Les bouleversements climatiques et les désordres écologiques découlent pour une large part de nos comportements et bien des maladies qui nous frappent trouvent leur origine dans notre exposition à des substances nocives produites par l’être humain. Oui, nous sommes manifestement capables de causer notre propre malheur. C’est d’ailleurs une considération similaire qui a fait choisir à David, entre trois fléaux qui devaient s’abattre sur le peuple du fait de sa décision de le recenser, celui de la peste, qui dépendait le plus de Dieu. Pour expliquer son choix, David dit : Il vaut mieux tomber entre les mains de l’Eternel, car ses compassions sont grandes. Je préfère ne pas tomber entre les mains des hommes (2 Samuel 24. 14).
Oui, les compassions de l’Éternel sont grandes. Certes tous les fléaux qui nous frappent ne sauraient être imputés à l’être humain. Il reste dans le mal une part de mystère qu’aucune théorie ne parviendra à dissiper. Mais face à ce mystère du mal, un mystère plus profond encore, plus grand doit être rappelé. Celui de la bonté de Dieu. Un Dieu qui s’est fait proche de nous en Jésus-Christ. Oui, Jésus, c’est Emmanuel, Dieu avec nous. Non pas Dieu de notre côté, dans notre camp, mais Dieu près de nous. Dans nos souffrances et nos angoisses, devant nos questions et nos tourments, Dieu est près de nous pour nous aider à traverser ces épreuves. Il est venu assumer notre condition et le temps de Noël que nous quittons à peine est venu nous le rappeler avec force. Devant cet enfant couché sur la paille, recevons la paix que Dieu nous donne, une paix que personne ne peut nous enlever.

Michel Block

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L’ÉGLISE N’A PLUS LE MÊME VISAGE

Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? 1 Corinthiens 3. 16

L’Église n’a plus le même visage

L’Église n’est plus au centre du village ! Entendez par là que la religion est mise de côté. La foi – protestante, catholique, orthodoxe – n’a plus la priorité dans les projets personnels et familiaux. Dieu n’a plus la cote. Faut-il le regretter ? Le rythme imposé par le travail, les mutations, les obligations de la vie et le dérèglement climatique modifient la conception de Dieu dans nos vies, parfois en le remplaçant par d’étranges croyances populaires.

L’Église n’a plus le même visage

Elle entre dans une nouvelle ère, celle des solidarités nouvelles, des convictions revisitées… l’ère de l’apocalypse ! Cet air-là, nous le respirons depuis les origines, parce qu’il vient du souffle de Dieu. L’Esprit veut dévoiler (sens du mot apocalypse), non les dessous-de-table, mais l’au-dessus de notre histoire. Et par là, nous donner de vraies raisons de vivre, de partager ce que Dieu donne de plus riche ; son amour-agapè. Relisons l’Évangile.

L’Église n’a plus le même visage

Elle aura le visage que vous voudrez lui donner. Un visage qui peut vivre de l’amour-agapè, donné et reçu, vivifiant et plein de joie.
Le voulez-vous ?

Les visages de l’Église changent mais Dieu reste toujours le même !!!

Alain-Georges Nouga

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